Accueil » Patrimoine et découverte » L’histoire du village
Dominé par son château du XIIe siècle et entouré de vignes, avec pour horizon la crête du Mourre Nègre, Ansouis est incontestablement l’un des plus beaux villages du Luberon ! Ses maisons, construites en hémicycle sur le versant sud d’un escarpement rocheux, se serrent les unes aux autres pour mieux s’abriter du mistral. Ruelles étroites et calades finissent de composer un tableau typiquement provençal, qui semble avoir traversé les siècles sans modifications majeures. Ansouis est ainsi labellisé parmi les Plus beaux villages de France depuis 1982. Et voilà pourquoi plusieurs scènes des films « Jean de Florette » et « Manon des sources », de Claude Berri (1986), y ont été tournées.
Les premières traces d’occupation humaine du site, comprenant des outils de silex taillés, remontent au paléolithique (- 8 500 ans av. J.-C.). Des polissoirs, des meules et des poteries du néolithique y ont également été découverts. Des monnaies grecques attestent également qu’Ansouis a ensuite été peuplé de Ligures, qui commerçaient avec la population marseillaise.
Le village est mentionné pour la première fois en 963, lorsque Lambert de Reillanne donne des terres « d’Ansoye » à l’abbaye Saint-Pierre de Montmajour (Arles). A l’époque, ce fief ainsi qu’une bonne partie du Luberon appartenait à son grand-père Foucher de Valensole. Le poste d’observation privilégié que constitue la place, idéale pour contrôler la route entre Aix-en-Provence et Apt, justifie sa fortification au Moyen Âge. Elle prend la forme d’un vaste quadrilatère doté d’un donjon central et flanqué de quatre tours. La première enceinte protectrice du village est édifiée, en amphithéâtre, au cours des XIIe et XIIIe siècles.
Fief dépendant du comté de Forcalquier, Ansouis passe à la famille de Sabran en 1178 par l’union de Rainon Ier avec Garsende d’Urgel, comtesse souveraine de Forcalquier. Le lion du blason familial flottera sur le village durant les 8 siècles à venir !
Après le siège que firent les Ligueurs en 1574 pour reprendre Ansouis, bastion catholique, aux troupes huguenotes du sieur d’Oraison qui l’avaient investi, la paix et le calme finirent lentement par revenir en Provence. Et de forteresse, le château se transforma peu à peu en demeure de plaisance, heureusement épargnée par la Révolution.
Après un pic de 991 habitants au recensement de 1856, Ansouis a connu une forte décroissance démographique. Au point qu’en 1962, la commune ne comptait plus que 520 habitants. Le début du XXe siècle avait pourtant apporté son lot de progrès : mise en place d’un service de voiturage entre le village et Pertuis en 1903, création d’un bureau de Poste en 1905, électrification en 1907… Insuffisant pour enrayer l’exode rural lié aux débuts de l’industrialisation, même s’il est vrai que l’eau courante n’est arrivée dans les maisons qu’en 1937 et que le réseau des eaux usées n’a lui été finalisé qu’en 1954.
Ansouis, qui compte aujourd’hui un peu plus de 1 000 habitants, est maintenant discrètement desservi par toutes les technologies modernes. Sans rien avoir perdu de son authenticité et de son charme.
S’il est un personnage qui a particulièrement marqué l’histoire locale, c’est bien le comte Elzéar de Sabran (1285-1323). Il fut marié en 1299, à l’âge de 14 ans, à Delphine de Signe. Dernière descendante des Vicomtes de Marseille, cette riche héritière se destinait pourtant à entrer dans les ordres. Le couple fit vœux de chasteté et passa toute sa vie dans la pratique des bonnes œuvres, de la pénitence et des vertus chrétiennes. Au décès de son époux, Delphine fit vœu de pauvreté, se retira à Cabrières-d’Aigues durant quelques années et finit son existence à Apt dans le plus grand dénuement.
Au regard de sa générosité envers les pauvres et de son intense vie mystique, Elzéar fut canonisé par le pape Urbain V en 1369. Mais Delphine, dont la piété et le dévouement auprès des malheureux étaient également reconnus dans tout le Luberon, fût simplement proclamée Bienheureuse des années plus tard. La volonté populaire la déclara pourtant Sainte et ses reliques, conservées avec celles de son mari dans l’église du village, font toujours l’objet d’un pèlerinage chaque année au mois de septembre.
Les reliques de saint Elzéar et « sainte » Delphine sont exposées à l’intérieur de l’église Saint-Martin.
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