Mairie d'Ansouis - village en Luberon
ANSOUIS

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LE CHÂTEAU

Il ne reste rien du tout premier château, mentionné dans les textes à partir de 961 et qui appartenait aux comtes de Provence et de Forcalquier. Le château médiéval fut probablement édifié et progressivement agrandi par les barons d’Ansouis à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle. Il se composait d’un ensemble hétérogène de constructions, pour la plupart adossées au mur septentrional de la première enceinte fortifiée. Presque tous ces bâtiments existent encore, sous une forme plus ou moins remaniée. L’ancien donjon, mal entretenu, se serait ainsi effondré au cours du XVe ou au début du XVIe siècle. Il aurait alors été arasé et comblé au niveau du premier étage, pour reconstruire une cuisine au-dessus de l’ancienne.

Le château moderne est le résultat de plusieurs campagnes de travaux échelonnées du XVIe au XVIIIe siècle, qui ont agrandi et transformé considérablement l’édifice médiéval. Tout le coté méridional de l’enceinte castrale fut d’abord abattu et remplacé par la première enceinte urbaine en contrebas. Ce vieil ouvrage fut lui-même remis en état et modernisé par l’adjonction d’un bastion en forme d’éperon triangulaire, destiné à couvrir les abords du portail d’entrée. De vastes terrasses, permettant l’installation de pièces d’artillerie, prirent la place des maisons ruinées du premier noyau de l’agglomération d’Ansouis, depuis longtemps abandonné et racheté par le baron.

L’imposante entrée du château d’Ansouis, profondément remaniée au XVIe siècle.
L’imposante entrée du château d’Ansouis, profondément remaniée au XVIe siècle.

L’espace dégagé par la destruction de l’enceinte originelle n’a cependant été mis à profit que beaucoup plus tard, à partir de 1614, sous l’impulsion de Gaspar de Sabran puis de son héritier, son cousin Sextius d’Escalis. Le projet consistait à édifier un grand corps de logis à la façon des hôtels aixois contemporains, ce qui occasionna plusieurs années de lourds travaux. La forteresse se transforma ainsi en une demeure de plaisance entourée de jardins à la française, de terrasses et même de pièces d’eau en contrebas.

L’histoire des lieux reste intimement liée à celle de la famille de Sabran, puisqu’après avoir conservé la seigneurie d’Ansouis du XIIIe siècle jusqu’au début du XVIIe, le château fut racheté en 1836 par le duc de Sabran (descendant d’une branche cadette de la lignée). En 1936, le château inhabité et plus ou moins abandonné fut réoccupé par le duc Foulques de Sabran-Pontevès et son épouse. Grands amateurs d’art et d’antiquité, ils restaurèrent pendant 40 ans bâtiments et jardins. En 2008, le domaine ancestral, propriété indivise depuis 1973, fut vendu aux enchères à la requête de la duchesse d’Orléans, née Gersende de Sabran-Pontevès. Cohéritière en litige avec ses trois frères, elle a ainsi provoqué le partage et la vente des biens constituant le patrimoine familial. Profondément attaché à ses origines et à son village, Géraud de Sabran-Pontevès, l’un des trois frères, reste maire de la commune depuis 1995.

Classé site et monument historique depuis 1948, le château, désormais propriété de la SCI Frederika, se visite suivant les modalités suivantes.

L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

L’église paroissiale Saint-Martin est reconnaissable entre toutes à son parvis semi-circulaire et aux anciennes archères qui percent ses épais murs de calcaire dorés.

La paroisse d’Ansouis apparaît dans les textes vers la fin du XIe siècle en tant que dépendance du chapitre cathédral d’Aix. Elle en constitua jusqu’à la Révolution l’une des prébendes (revenu attaché à un titre ecclésiastique). Faute d’écrits précis, l’édifice actuel peut difficilement être daté. Il n’est probablement pas antérieur à la fin du XIIIe siècle, car il est adossé à l’intérieur de ce qui était la toute première enceinte de fortification du village. L’ancienne courtine lui sert d’élévation antérieure et les archères ont été murées.

L’église se compose d’une nef de 3 travées et d’un vaisseau transversal voûtés en berceau brisé. Le vaisseau, que complète une abside de plan carré encadrée de 2 absidioles, dont l’une condamnée et l’autre transformée en sacristie, constitue peut-être un vestige d’un précédent édifice. On y remarque en effet de nombreuses marques de tâcherons (absentes de la nef) et divers éléments sculptés, cordons et impostes ornés de motifs géométriques et végétaux, culots figurants des têtes humaines ou animales, apparemment remployés dans la construction. La présence du mur d’enceinte a imposé une importante distorsion de plan entre le chœur (vaisseau transversal et abside) et la nef, qui en a sans doute remplacé une précédente plus petite, non appuyée contre l’enceinte.

L’élévation antérieure, percée d’une porte dont l’archivolte retombe sur 2 colonnettes, conserve 7 de ses archères. Un clocher-mur percé de 4 baies surmonte l’arc triomphal. En 1997, lors de la réfection de la toiture dallée, 2 nouvelles cloches, Sainte-Roselyne et Saint-Martin, réalisées par la fonderie Granier Père & Fils à Magalas (Hérault) sont venues rejoindre leurs aînées, Sainte-Delphine et Saint-Elzéar.

Cette église, bâtie vraisemblablement à l’époque où le village connaissait son maximum démographique, n’a pas été agrandie par la suite. Elle n’a subi que quelques remaniements de détail, notamment le relèvement des murs Ouest, Sud et Est par-dessus la toiture avec des pierres à bossages rustiques, provenant selon toute probabilité du château. Cet aménagement doit être mis en relation avec la démolition, au cours du XVIe siècle, de la partie méridionale de l’enceinte castrale. La surélévation des murs eut pour but de fortifier l’église, complétant ainsi le nouveau système défensif renforcé par le bastion construit immédiatement à l’Est de l’église. Elle possédait peut-être un couronnement crénelé à la place de l’actuelle murette en blocage.

Du XVIe au XVIIIe siècle, les procès-verbaux des visites pastorales successives montrent que l’église fut régulièrement entretenue. Les réparations les plus fréquentes et les plus onéreuses concernaient la toiture en lauzes et l’ornementation des autels, dont le nombre s’éleva progressivement jusqu’à 9 en 1920. La présence du château au Nord et l’exiguïté du cimetière au Sud (actuelle place) rendaient impossible la construction de chapelles latérales.

Pour gagner un peu d’espace, les paroissiens se contentèrent d’édifier des tribunes. Il y en avait 3 en 1620 : 2 dans la nef et 1 dans le chœur, toutes démolies par la suite. On voit encore dans la première travée de la nef l’arrachement d’une quatrième tribune dont l’aménagement semble dater du XVIIe siècle.

Cet édifice a été inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1925 et classé en 1988.
(Source : « Inventaire Topographique Pays d’Aigues »)

Intérieur de l'Église d'Ansouis
Les peintures de l’intérieur de l’église d’Ansouis imitent le marbre, à l’époque jugé plus noble que la pierre locale.

LES FORTIFICATIONS

De la première enceinte fortifiée, érigée au XIIIe siècle, ne subsiste que la partie contre laquelle est venue s’adosser l’église. D’où son aspect militaire, sa porte n’ayant été percée qu’au milieu du XIVe. Il s’agissait à l’origine d’une courtine de 2 m d’épaisseur, entrecoupée d’archères tous les 2 m. Dans son prolongement côté Est, l’ouvrage initial a été remplacé à la fin du XVIe siècle par un bastion triangulaire annexé au château. Aux angles de cet éperon, des bouches à fusils de rempart protégeaient d’un côté la façade de l’église, et de l’autre l’entrée du château. L’échauguette qui domine l’ensemble n’a, elle, été construite qu’au XIXe.

La seconde enceinte fortifiée a été érigée entre 1331 et 1378 pour remplacer la première, rapidement devenue trop exigüe. Elle-même se révéla insuffisante pour englober tout le village mais ne fut jamais agrandie. L’épaisse muraille était percée de 3 portes. Décrit comme flanqué de tours, le Portal d’an bues, au Nord, a probablement été détruit au XVIe siècle. Ne subsiste du Gran portail, à l’Ouest, que son emplacement marqué par une croix en fer en bordure de la Grande rue. Symbolisant l’ancienne entrée du village, elle a été réinstallée en I95I après avoir été déposée au début du XXe siècle. À une époque où la municipalité, ouvertement anticléricale, avait même interdit les processions sous prétexte qu’elles gênaient la circulation !

Seule porte encore debout, le Petit portail (ou Portalet) s’ouvre au centre de la courtine Sud. Fortement remanié, il présente en façade un arc en segment modifié et trois consoles à trois ressauts, vestiges de mâchicoulis. Sa herse a été définitivement supprimée à la fin du XIXe siècle.

Le Petit portail est la seule des 3 portes qui n’a pas été détruite. De part et d’autre, la courtine a été percée de fenêtres pour permettre l’aménagement d’habitations.
Le Petit portail est la seule des 3 portes qui n’a pas été détruite. De part et d’autre, la courtine a été percée de fenêtres pour permettre l’aménagement d’habitations.
Les remparts et les tours de guet qui les défendaient existaient encore presque tous au début du XIXe. Mais ayant perdu tout intérêt militaire, ils ont été percés de nouvelles ouvertures et aménagés en habitations. Là où la muraille était édifiée sur le rocher, des caves ont même été creusées. 3 tours alignées le long de la courtine Est restent cependant visibles. Et en particulier l’une d’entre elles, qui a conservé l’intégralité de son couronnement de créneaux. Cette tour dite « à gorge ouverte » possède une salle supérieure, au niveau du chemin de ronde, ouverte côté cité pour permettre un approvisionnement rapide et continu de projectiles en cas d’attaque ennemie. Une trappe permettait d’accéder à son sommet.

LA MAISON DES CONSULS

Les consuls étaient les personnages chargés d’administrer la communauté et de parler en son nom au seigneur. Il s’agissait généralement de bourgeois très aisés, nommés par le seigneur lui-même et qui lui payaient en bloc toutes les taxes. Charge à eux de se rembourser – ou plus s’ils le désiraient – en exploitant à leur gré les banalités. À savoir l’obligation faite aux villageois d’effectuer certaines tâches de la vie courante dans des infrastructures appartenant au seigneur ; fours à pain, moulins à farine ou à huile, pressoirs à raisin…
Le rez-de-chaussée de la maison des consuls laisse à penser qu’on y commerçait autrefois.
Le rez-de-chaussée de la maison des consuls laisse à penser qu’on y commerçait autrefois.
Construite aux XIIIe et XIVe siècles, cette imposante demeure a ainsi été le siège du conseil de la cité au XVe et XVIe. Son premier niveau est couronné d’un cordon de pierre mouluré et comporte un oratoire d’angle couvert d’un chapiteau, souvenir d’une époque où les processions étaient très fréquentes. Son rez-de-chaussée présente des ouvertures en cintre surmontées de moulures, dont l’une fait penser qu’il s’agissait là d’une devanture d’échoppe. La bâtisse abritait également le four banal ainsi que des silos à grain creusés à même le safre (roche d’alluvion sur laquelle est construit le village). En sous-sol, deux souterrains étaient directement reliés au château.

LA MAISON DE LA CONFRÉRIE DU SAINT-ESPRIT ET LE BEFFROI

Avant d’accueillir l’horloge, le beffroi servait à appeler à la réunion dans la maison commune comme à donner l’alarme en cas de danger.
Avant d’accueillir l’horloge, le beffroi servait à appeler à la réunion dans la maison commune comme à donner l’alarme en cas de danger.
À partir de 1540, le conseil de la communauté d’Ansouis tient ses séances dans la maison de la Confrérie du Saint-Esprit, institution de charité ayant vocation à aider les malades, les pauvres et les orphelins. La bâtisse devient propriété communale et se transforme en hôtel de ville. On y installe également un four ainsi qu’un grenier de stockage alimentaire. Un beffroi semi-circulaire, couronné d’un campanile en fer forgé, est construit par-dessus vers la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe. L’horloge, elle, fabriquée par un certain Lizon, horloger à Pertuis, n’a été installée qu’en 1909. Soit bien après le déplacement de la mairie à une date inconnue, entre 1793 et 1836. Elle est toujours en service de nos jours.

LE LAVOIR ET LES FONTAINES

Situé au pied du village sur la bien-nommée place de la Vieille fontaine, le lavoir a été construit au début du XIXe siècle. Il est alimenté par une source captée à proximité, au quartier Pierre-feu, et figurait déjà sur le cadastre napoléonien de 1836. Le monument aux morts lui a été adjoint en 1921. Les 32 disparus dont les noms figurent sur sa plaque représentaient plus de 14 % de la population masculine du village… Dominant cet ensemble, la chapelle Saint-Pierre est un ancien prieuré du XIIe siècle reconstruit au XVIIe. Elle sert désormais de cimetière privé à la famille de Sabran.
Dans un village, la fontaine a toujours occupé une place sociale importante. Et plus encore quand il s’agissait d’un lavoir, où pendant qu’elles s’affairaient les lessiveuses colportaient toutes les nouvelles. Voire les potins.
Dans un village, la fontaine a toujours occupé une place sociale importante. Et plus encore quand il s’agissait d’un lavoir, où pendant qu’elles s’affairaient les lessiveuses colportaient toutes les nouvelles. Voire les potins.
En Provence, l’eau est une ressource particulièrement précieuse. Longtemps les Ansouisiens durent se contenter d’aller la chercher au bas du village. On imagine mal le progrès que représenta la mise en service, en 1883, des deux fontaines de la rue Basse. Alimentées par une seconde source captée au quartier du Petit Pibaraud, elles nécessitèrent 4 années d’échanges avec la préfecture d’Apt et d’âpres négociations avec les organismes bancaires pour apporter enfin l’eau à l’intérieur même du village. Aujourd’hui à sec, elles font l’objet de nouvelles négociations pour être remises en service.

Envie d’en savoir plus sur l’histoire d’Ansouis ? De suivre l’un des deux parcours de visite créés à l’attention des touristes et autres curieux ? N’hésitez pas à consulter le site de l’association Ansouis patrimoine, qui effectue un riche travail de recherche et de collecte d’informations sur l’histoire locale.

À découvrir sur le site internet d’Ansouis patrimoine.